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Circuit Bikepacking du Saguenay à Charlevoix

Incursion au pays des hauteurs

Texte et photos de Guillaume St-Pierre

 

L’appel placé au poste d’entrée de la zone d’exploitation contrôlée (ZEC) de l’Anse-St-Jean, au Bas-Saguenay, était presque sans équivoque : « On est en plein dans la période de chasse, pas question de venir faire du vélo ici! » s’était exclamé le préposé, abasourdi par la demande que je venais de lui formuler.

Stratège persévérant, j’orientai mon argumentation vers la sécurité, mentionnant que nous porterions des dossards, et que notre itinéraire ne quitterait pas d’un iota le chemin principal. « Je ramasse de l’information et vous rappelle » laissa tomber l’homme. Quelques instants plus tard, il me confirma qu’il n’y avait aucun problème. Je savais maintenant comment m’y prendre afin d’informer la ZEC du Lac-au-Sable dans Charlevoix, où nous notre périple se terminerait. Notre expé en la longue fin de semaine de l’Action de Grâce prenait forme, sous des prévisions météo de mauvais augure.

Traverser de la région du Saguenay vers celle de Charlevoix via les chemins de traverse en forêt avait rapidement fait monter notre niveau d’excitation, de dépassement et de dépaysement. À ce stade, mon acolyte Ismaël Raymond et moi ne nous doutions pas que l’ascension allait en effet être au cœur du périple. Pourtant, il fallait être un peu naïf pour ne pas s’en douter, notre premier campement étant planifié près de la pourvoirie du Club… des Hauteurs. Quiconque connaît un tant soit peu la toponymie de ces régions sait aussi qu’elles recèlent de raidillons. Mais cette part d’inconnu n’est-elle pas l’une des raisons pour lesquelles l’on s’enfonce dans ces aventures?

Après quelques rencontres à scruter les cartes (le réseau ZEC offre d’ailleurs celles de ses territoires en ligne, gratuitement), planifier les repas et faire des tests de chargement sur nos montures (un fatbike Chic-Chocs pour l’auteur de ces lignes, un hardtail bien équipé pour le complice), nos mollets trépignaient de franchir les dénivelés à travers lacs et montagnes pour nous rendre vers Clermont depuis l’Anse-St-Jean. Chose promise chose due : enfourchant nos vélos maintenant bien chargés, nous nous lançâmes à l’assaut des pistes de gravelle.

 

Montées après montées, malgré les magnifiques couleurs automnales et les splendides paysages environnants, notre réserve d’énergie déclinait à vue de quadriceps. Des 30 kilomètres que nous avions parcouru depuis la matinée, la majorité était en ascension; escalade serait un terme plus approprié. Les visages des rares personnes croisées ne mentaient pas : nous étions sans l’ombre d’un doute les pionniers du bikepacking dans le coin, ce qui nous donnait beaucoup de motivation. Au détour du lac à Noël, tel qu’annoncé, le ciel commençait à nous tomber sur la tête : la bâche fut montée, le souper fut concocté, le post-mortem de la journée et la planif du lendemain discutés, et la pluie et le vent pour la nuit n’ont jamais arrêté. Ben coudonc.

Il y a toujours une part d’imprévus en expédition, et ce fut au lendemain qu’elle montra ses couleurs : les chemins de sable ramollis par les précipitations ininterrompues altéraient considérablement notre progression. Bien que le Chic-Chocs (avec ses pneus de 4.8 pouces) se débrouillait admirablement bien à ce chapitre, nos dérailleurs grincèrent rapidement de ce mélange de sable et de boue. Telle une oasis dans un désert (pour nous c’était davantage un abri dans une fracassante ondée), les installations de la pourvoirie du Club des Hauteurs se montrèrent. Leurs propriétaires, nullement offusqués qu’on refuse poliment de déjeuner avec eux à la Goose IPA, se montrèrent très sympathiques à notre égard et nous renseignèrent énormément sur leur magnifique territoire et l’orientation à suivre afin d’atteindre Charlevoix. Un détour par la colossale et mythique auberge en bois ronds de la pourvoirie, et nous étions repartis dans l’immensité charlevoisienne.

Tout ce qui monte redescend. Ce fut confirmé en route vers Clermont, alors que quelques rares éclaircies nous aidèrent à sillonner la route serpentant dans les escarpements. L’avancée, plus rapide en raison des descentes, nous permit de s’imprégner des splendeurs de Charlevoix, alors qu’au loin se distinguaient les sommets des Hautes-gorges-de-la-rivière-Malbaie (déjà, nous magasinions notre prochaine mission). Nostalgiques autour d’une maigre flasque d’Appleton, satisfaits du choix de notre destination et rêveurs de franchir, l’été prochain, les sentiers qu’on dit disparus entre la ZEC Lac-Brébeuf, Morphée pris rapidement le dessus. Au lendemain, où enfin un ciel dégagé se pointait, une succession de pentes descendantes écourta de beaucoup l’épilogue de notre voyage.

Tel que nous l’avions prévu, les ZEC constituent une porte d’entrée très accessible pour découvrir l’arrière-pays québécois. L’entretien des chemins, souvent, se dégrade au fur et à mesure que l’on s’éloigne dans le territoire, ce qui procure défi côté habiletés de pilotage et nécessite une bonne bécane. Finalement, bien qu’une certaine signalisation soit présente, il faut inévitablement bien s’outiller avant le départ pour pallier les imprévus sur place.

Un merci particulier à Patrick, chez Sportcycles expert de Chicoutimi, pour son support et les pièces de rechange qu’il nous a fournies.

Évidemment, notre gratitude éternelle à Panorama Cycles, qui chapeaute la découverte de notre splendide territoire et permet la diffusion de ces récits.

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