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Circuit bikepacking de la Réserve faunique de Papineau-Labelle

Vélo + Packraft + Camping

Texte de Loïc Olivier

Lien vers les deux tracés Ride with GPS en bas de page.

Photos de Loïc Olivier, Brian Redmond, Joe Walters, Anthony Bertrand, Vincent Girard et Charles-Alexandre Steadfast-Desjardins / Vidéo de Vincent Girard et Charles-Alexandre Steadfast-Desjardins

Je roule avec Grant et Joe depuis 2015.

Ça fait depuis 2015 qu’ils me cassent les oreilles à propos de la Réserve faunique Papineau-Labelle.

Grant a grandi dans le coin. Il sait que la Réserve est une mine d’or de sentiers avec un grand potentiel pour les trips de bikepacking. Joe, quand à lui, s’y est aventuré à plusieurs reprises pendant l’hiver. À chaque fois qu’on en parle, il est catégorique : faut absolument y aller, les gars.

 

On avance à l’été 2017. Éric chez Panorama me demande si ça me tente d’aller faire un tour dans la Réserve avec une gang pour voir ce qu’on en pense.

Excellente idée. On va en profiter!

Invitation ouverte sur Facebook. Quelques semaines plus tard, 6 membres du Ottawa Valley Bikepacking Collective et deux nouveaux amis de Montréal et de Bromont se rejoignent à l’Accueil Gagnon, au nord de Duhamel, pour faire un S24O en deux versions :

– Adrian, Grant, Joe, Anthony, Brian et Vincent feront la version “allroad”, une courte boucle d’environ 40km qui passe sur certains chemins forestiers et sentiers de doubletrack de la Réserve;

– Charles-Alexandre et moi ferons la version “packraft”, une boucle plus longue d’environ 50km avec un passage d’un peu plus d’un km en packraft sur le Lac Montjoie, histoire de valider le concept du bikepacking intermodal sur ce territoire.

On se rencontre un dimanche matin du mois de septembre. Il fait beau et chaud. Deux des gars – Joe et Brian – sont dans la Réserve depuis vendredi. Ils ont eu le temps de rouler et leurs commentaires sont très élogieux. Ils ont particulièrement apprécié les sentiers secondaires situés au nord du Lac Montjoie. Chemins de brousse. Expérience sauvage.

On lunche, on jase, on prépare les vélos puis on s’y met.

Les chemins numérotés sont en excellents état. Ça roule vite. Tout le monde est concentré, on bouffe des kilomètres. On a tous hâte d’entrer dans le bois et de rouler sur le doubletrack.

Dans une montée, j’entends du bruit derrière moi. Je m’arrête et vois un gigantesque porc-épic traverser le chemin en se dandinant de droite à gauche, ben relax.

On finit par entrer dans le bois. Quelque chose cloche, Charles-Alexandre semble avoir une crevaison. Pendant qu’il inspecte sa chambre à air, les autres en profitent pour faire des niaiseries au pit de sable qu’ils viennent de découvrir quelques mètres plus loin.

Quelques instants après avoir repris la route, Grant freine brusquement. Un autre porc-épic traverse le sentier. Les porc-épics sont pas stressés à Papineau-Labelle.

Le sentier doubletrack est bien entretenu. Mêmes les gars en gravel bikes roulent bien en choisissant leur ligne. Avec le Chic-Chocs, pas de stress : les gros pneus absorbent les bosses et le terrain accidenté sans problème. Tant mieux, ça me permet de me concentrer sur le paysage.

Un peu plus loin, le groupe se sépare. La majorité continue vers l’ouest sur un sentier de doubletrack qui se rétrécit rapidement. Le chemin est moins fréquenté et les branches sont plus basses. Faut faire gaffe pour ne pas se faire fouetter en plein dans la moustache. D’ailleurs, Adrian s’en prend plusieurs dans la gueule.

Charles-Alexandre et moi nous dirigeons vers le nord, en direction du Lac Montjoie. Y a une belle grosse côte avant d’arriver, on s’en donne à coeur joie et on descend à plus de 40km/h dans le sentier. En arrivant au lac, on défait les bagages, on gonfle les packrafts et on y attache l’équipement. Charles-Alexandre est dans son packraft en deux temps, trois mouvements. Ça me prend trois mouvements de plus…

On pagaie quelques centaines de mètres dans la baie en suivant la rive escarpée. En quittant la baie, le vent se lève. Le packraft roule et tangue doucement sur les vagues. Le pneu arrière de mon Chic-Chocs est partiellement submergé; je replace le vélo sur le packraft afin de balancer le poids. Mon sac à dos est installé sur la fourche du vélo en guise de contrepoids. Quelques coups de pagaie sans histoire, le pneu reste au dessus de l’eau. Ça semble donc fonctionner.

Y a pas un chat sur le lac. Pas une embarcation sauf les nôtres. Deux huards chantent un peu plus loin. On pagaie tranquillement pendant 90 minutes, jusque de l’autre côté du lac où sont situés quelques chalets de la SEPAQ. À moitié détrempé, on débarque maladroitement des packrafts, puis on ramène vélos, bagages et embarcations sur la terre ferme. Il est passé 17h, le soleil se cache de l’autre côté de la colline. Je suis trempé, j’ai faim, je gèle. On se change rapidement, on bouffe un truc et on détale. Charles-Alexandre roule comme un Bawss, je tente de le suivre mais dois m’arrêter à quelques reprises pour rajuster mes bagages.

Le chemin numéroté est agréable. On pédale, on placote. Nous ne voyons qu’un seul véhicule sur une dizaine de kilomètres. Charles-Alexandre veut voir un orignal. Y a des traces d’orignaux partout… Mais pas d’orignal en vue.

On décide de prendre le chemin le plus long autour du Lac Ernest pour se rendre aux Cheminots, l’emplacement de camping de groupe où nous dormons pour la nuit. L’odeur du feu de camp nous rappelle que nos 6 comparses sont déjà bien installés. On arrive aux Cheminots à la brunante, aux cris et applaudissements des copains. On se donne des high fives et on prend une lampée de bourbon pour célébrer.

La nuit tombée, on enfile les doudounes et on se rechauffe (au sens figuré) en se passant les flacons. Le ciel est clair, Anthony est le premier à remarquer la Voie lactée. Les yeux rivés vers le ciel, les 8 gars s’émerveillent de voir la Galaxie… Pas un mot. Moment magique.

Les derniers fêtards se couchent. La nuit est fraîche, sans vent. Je me glisse dans mon hamac et passe la nuit à rêver de packraft et d’eau fraîche…

Nous sommes tous unanimes: la Réserve faunique Papineau-Labelle a tout ce qu’il faut pour le bikepacking. Les routes sont très nombreuses et les parcours, illimités. On roule généralement tranquille, mis à part pour les porc-épics qui traversent les sentiers sans avertissement.

Bien qu’il soit possible de faire une grande boucle dans la Réserve et de dormir à divers sites de camping, le site de groupe des Cheminots est excellent, la vue sur le Lac Ernest est magnifique et l’emplacement est très bien situé, à quelques km de l’Accueil Gagnon, où l’on peut se ravitailler en bois de chauffage. On pourrait très bien se servir de cet emplacement pour faire des excursions de jour (40-50km par jour; plusieurs trajets possibles) et dormir et manger confortablement au même endroit la nuit tombée.

Une chose est sûre : nous retournerons à la Réserve faunique Papineau-Labelle très prochainement.

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