Sortie en famille : une première aventure à vélo
Photos et texte de Loïc Olivier
Je suis un grand fan des S240 (sub 24h overnighters). C’est simple à planifier et à orchester. Ça permet de remettre les pendules à l’heure. On rassemble quelque trucs à manger, de quoi boire, une tente ou un hamac, un sac de couchage, quelques outils pour le vélo et le tour est joué.
Le parc de la Gatineau est un espace de conservation de 360km2 situé en plein coeur de la ville. Dans la région de la capitale nationale fédérale, ce parc est LE terrain de jeu de prédilection des amateurs de plein air. Comme le parc est situé à un petit kilomètre de chez moi, c’est l’endroit idéal pour faire un S24O. L’emplacement de camping réservé, mes bagages chargés, j’enfourche le Chic-Chocs et je pars.
5 minutes plus tard, je suis dans le parc.
Y’a de tout dans le parc de la Gatineau : des bonnes côtes à monter et à descendre. Des sentiers pépères et d’autres plus techniques. Des paysages à couper le souffle, surtout du haut de l’escarpement d’Eardley. Il y a aussi des vestiges historiques, comme les ruines de l’usine Carbide Wilson au bord du Ruisseau Meech, et celles que le Premier ministre Mackenzie King importaient d’Europe pour recréer, sur sa propriété de Kingsmere, un monde imaginaire… Y a aussi le fameux Lac Meech, que les férus d’histoire et de politique connaissent bien. Sans oublier le Lac Mousseau/Harrington Lake, le lac aux deux noms sur lequel se trouve la résidence d’été du Premier ministre. Sans invitation, impossible d’y avoir accès. D’ailleurs, le lieu est tellement bien gardé, la GRC se fera plaisir de vous rappeler à l’ordre si vous tentez de vous en approcher!
On ne dort pas où on veut dans le parc. En bikepacking estival, on se dirige vers le Lac Philippe ou le Lac Taylor, tous deux situés entre les municipalités de Chelsea et de Wakefield. Pour ma part, j’ai un faible pour le Lac Taylor. Le site est moins développé, plus joli. Plus calme. La nuit tombée, on est bercé par le chant des huards et le coassement des grenouilles.
On peut se rendre au Lac Taylor de nombreuses façons. De chez moi, en roulant sur les sentiers à partir du stationnement P3, j’y suis en 4 heures. De Chelsea, à partir du centre des visiteurs, on y est en moins de 2 heures. De Wakefield (à partir de P17), on y arrive en une heure.
Cette fois-ci, j’invite B., ma fille de 7 ans, à venir avec moi. Comme il s’agit de sa première expérience de bikepacking et de sa première expérience de vélo en sentier, nous décidons de prendre la route la plus courte. En stationnant l’auto à P19, le stationnement le plus près du Lac Taylor, on arrive à bon port une heure ou deux plus tard.
Malheureusement, la météo fait des siennes. En arrivant dans le parc, le ciel est lourd, gris foncé…. Quelques instants plus tard, le ciel nous tombe sur la tête.
Pas question de forcer B. à rouler dans de telles conditions. Je me résigne au fait que notre première sortie de bikepacking tombe… à l’eau. On déshabille les vélos et on remballe tout dans la bagnole. On conduit jusqu’au site sans dire un mot…
La tente installée, les bâches montées, les guimauves mangées, B. me demande si nous pourrons faire du vélo le lendemain matin. Ça me semble être une excellent idée.
Le lendemain, après avoir chargé les bagages dans l’auto, je demande à B. de me montrer ce qu’elle a envie de faire. Un tour du lac? Non. C’est vers les sentiers qu’elle veut aller.
Pas de problème, B.. On y va!
Voilà donc B. sur les sentiers pour la première fois. Les premières montées sont ardues. Les premières descentes lui font peur. Avec un peu de patience et quelques encouragements, B. prend de l’assurance. Elle pédale et descend en position d’attaque, les pieds parallèles, bien encrés sur les pédales, les talons vers le bas, les bras fléchis. Elle regarde droit devant elle. Elle est déterminée. Lorsqu’elle met le pied à terre, je retourne près d’elle, mets le pied à terre et marche à ses côtés.
Pas de pression, pas de stress.
Lorsque quelque chose la chicote, on arrête de pédaler, on pousse nos vélos tranquillement et on jase.
On fait la boucle complète comme ça. 9 kilomètres en 2 heures. À mi-chemin, alors qu’elle se fait dévorer par les mouches à chevreuil, je lui promets qu’à l’arrivée, elle peut choisir le cornet de crème glacée de son choix au dépanneur du Lac Philippe.
La crème glacée, ça marche tout le temps avec B