Transcontinental Race - Retour sur l'édition 2023

Notre ambassadeur Vincent Nadon a terminé la Transcontinental Race en 2023 en utilisant le Katahdin. Il partage ses impressions sur cette course et sur la performance du Katahdin !

Q - Peux-tu nous donner un peu de contexte et nous expliquer ce qu’est la Transcontinental Race? 
Vincent :
La Transcontinental race est une course sous la forme d'une aventure à vélo sans support externe (privé) à travers l'Europe. Il faut compléter un parcours que l'on planifie nous même en passant par des Checkpoints et des Parcours obligatoires pour arriver à la ligne d'arrivée en moins de 15 jours. 

Q - C’est un sacré défi! Qu’est-ce qui t’attire dans ce type d’événement / Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer là-dedans? 
Vincent :
J'avais envie de sortir de ma zone de confort, de ce que je connais, de mes routines, d'une aventure quoi! J'avais envie de voir où je me plaçais à l'international. Puis la Transcontinental race est un rêve que je contemplais depuis mes débuts sur un vélo de route en Belgique. Traverser parmis les plus beaux paysages de l'Europe en vélo, puis pourquoi pas en format course! Je me suis dit je suis encore jeune, je n'ai pas trop de responsabilités puisque je n'ai pas d'enfant pour le moment, c'est peut être le temps de réaliser ce qui me fait peur, mais qui en même temps m'allume.

Q - Être capable de traverser un continent à vélo, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Peux-tu nous parler de ton parcours à vélo et ce qui t’a amené à devenir un athlète d’endurance? 
Vincent :
Depuis que j'ai acheté mon premier vrai vélo de route en Belgique (lorsque j'habitais là bas pendant 2 ans), j'ai toujours envie de découvrir de nouveaux paysages. Ce qui m'a apporté à planifier des parcours pour aller explorer des villes en Belgique ou au Pays-Bas qui étaient à ma portée. Petit à petit j'ai bâti mon endurance pour faire mon premier parcours que je considère de longue durée, qui était le Tour des Flandres pour cyclotouristes. Pendant ce parcours j'ai pleuré de joie d'avoir complété cette épreuve difficile qui marquait un retour sur ma santé (après avoir été diagnostiqué avec la maladie de Crohn quelques mois avant). J'étais fier de m'être dépassé, malgré la maladie chronique dont je ne veux pas me sentir défini ou handicapé par.

Après cette épreuve, je me suis dit qu'en revenant au Canada, je me devais de traverser mon pays pendant que j'avais encore ma santé!

Q - Sur quoi s’est porté ton choix au niveau du matériel?
Vincent :
Grosse question. Il y a beaucoup d’éléments. Je peux donner mes lignes directrices:
Robustesse, confort et versatilité. 

 Pour dormir par exemple, j'ai opté pour un manteau en duvet léger et compact pour remplacer un sac de couchage et ainsi réduire poids et volume. Puis le manteau pouvait me servir pour les journées vraiment froides sur le vélo. 

Le Katahdin de Panorama cycles était sincèrement un très bon vélo pour la TCR. Même avec les bagages sur le vélo pour traverser l'Europe, le comportement dans les descentes était vraiment top! Bien que j'ai fait la majorité de la course sur des pneus de routes 32mm, le Katahdin me permettait également de mettre des pneus de gravelle pour les sections plus “crunchy”. Jai également pu mettre 2 plateaux avant et une grosse cassette (11-42T) afin d'avoir beaucoup de plage de ratio pour les montées tout en ayant du braquet pour les longues sections de plat (je tiens à dire que les sections de plat n'étaient pas si longues dans cette édition de la TCR 😅). Les barres clip-on aéro sont bien sûr un must pour avoir plus d'options de position et garder un confort sur la longue distance, en plus d'être plus aérodynamique et ainsi gagner un peu de vitesse et/ou bien sauver plus d'énergie tout dépendant comment on voit la situation 😉

Pour les bagages j'ai fait entièrement confiance à Apidura avec leur série Expédition et Race. 14L + 2L + 4L

Q - Tu souffres de la maladie de Crohn. Comment cela impacte ton entraînement et ta course, car j’imagine que ce n’est pas toujours évident de trouver des ravitos qui peuvent convenir à ta situation?
Vincent :
J'avais un niveau de fer relativement faible, ce qui est un symptôme qui peut arriver avec Crohn. Un niveau de fer faible peut entraîner plus de fatigue avec l'effort et cela peut devenir dangereux (anémie). Afin de maintenir un bon niveau de santé avec l'entraînement, j'ai demandé à mon gastroentérologue si je devais prendre un supplément de fer, il m'a donc prescrit Feramax.

Sinon aucun problème niveau nutrition. J'ai toujours trouvé la nourriture facile à digérer pendant le voyage. Sauf des fois il n'y avait pas vraiment de variété ou de bon goût, mais sinon ça l'a bien passé. Le plus difficile a été de trouver des électrolytes dès les Balkans. J’ai découvert un peu après la course qu’en fait les électrolytes sont parfois vendu qu’en pharmacie. Le pire a été après la course avec une crise hémorroïdes. Probablement une réaction à la réduction de l'effort, possible manque d’hydratation dans les derniers jours, début de repos du stress / adrénaline de la course. Ce n'est pas chic et c'est très inconfortable. Heureusement ce n'est arrivé qu'après la course et j'avais la crème déjà avec moi pendant le voyage.

Q - Venons-en au sujet, comment s’est passée la course?
Vincent :
J’étais parti avec plusieurs objectifs, je ne souhaitais pas nécessairement tous les réaliser, mais je me disais qu’il y en avait qui étaient atteignables et d’autres un peu plus sensationnels. Je voulais en premier lieu terminer la course, idéalement rester dans un délai de 11 à 14 jours pour compléter, rester dans le classement général et potentiellement être dans le top 20.


Après des problèmes de planification de route, qui m’a fait perdre du temps précieux dans des routes de gravelles un peu casse-cou dès les premiers 500km. Je me suis rendu compte que j'étais un peu plus à l'arrière du “peloton” qu'à l'avant en regardant mon Dot après une journée.

J'ai aussi dû faire quelques ajustements ajustement de matériel, ex: sac d’outil qui tombe, attache pour Garmin Varia imprimé en 3D qui cède sous les vibrations des pavés Flamand. Cela m'a fait perdre du temps alors que je croyais mon setup robuste.

Après avoir pousser un peu plus fort dans les pédales dans les montagnes Suisse pour mieux me positionner dans la course, je passe droit devant le premier checkpoint! Je n’étais qu'à 2km heureusement, mais pépin après pépin (téléphone qui meurt, coordonnées GPS qui me pointent le mauvais endroit…) je perd finalement 1h pour retrouver l'hôtel du Checkpoint 1! J'ai donc probablement perdu tous les gains de mes précédents efforts..

Frustré de ma situation, je change finalement de mindset et j'essaie plutôt de profiter au maximum du voyage, tout en restant dans mes délais le plus possible. Au lieu de viser une position au classement. Car autrement, je ne serais qu’anxieux tout le long, je ne serais pas capable d’apprécier ce que je fais et j’aurais fait de plus en plus d'erreurs. Je me suis laissé être moi. L’erreur est humaine et cela fait partie de la course. Je me suis dit que je veux simplement visiter l’Europe à vélo et rouler jusqu’à la ligne d’arrivée en un seul morceau. J’avais beaucoup à apprendre de cette expérience qui pourra me servir dans d’autres situations dans ma vie. Cela a probablement beaucoup aidé mon mental et je crois potentiellement que cela a même amélioré mes performances.

Les grands moments :
1) Le plus haut, Lorsque j’ai pris la route gravelle entre 4a et 4b et que j’ai regardé derrière moi tout ce que j’ai gravi 

2) Le plus bas, lorsque j’étais dans le parcours 3 qui m’a paru interminable avec la chaleur et la grosse gravelle difficile pendant des kilomètres.

Q -Est-ce qu’il y a des choses que tu ferais différemment?
Vincent :
Si je refais la TCR (ou autre course non supporté)? Évidemment, j’ai beaucoup appris pendant la course. Je crois les plus gros changement serait sur la planification de la route dans le cas de la TCR. C’est ce qui m’a coûté le plus de temps pendant la course. Cela est particulier à la TCR par contre, car cela fait partie de la course, d’organiser son propre itinéraire. Sinon m’assurer d’avoir les cartes SIM pour les pays avant d’entrer dans le pays. De nous jours les services cellulaires pré-payer sont de plus en plus difficile à trouver et j’ai eu beaucoup de problème à trouver les bons services fonctionnels. Je me disais qu’en Europe c’est facile avoir un service téléphone pré-payer, finalement j’ai perdu beaucoup de temps avant et pendant la course parce que les services ne fonctionnaient pas bien dans tous les pays.

Q - Maintenant que tu as plus de recul quelques mois après l’événement, qu’est-ce que tu retiens de tout cela?
Vincent :
Je crois que c’est une belle leçon d’humilité et une belle aventure à travers l’Europe. J’avais de grandes aspirations avant d’arriver en Belgique. Un coup la course débuté j’ai tellement eu de problèmes que je n’avais pas envisagé. Que je me suis rendu compte que malgré mon expérience des courses ultra endurance et mes performances au Québec, la TCR est une course ou l’expérience du cycliste dans des courses très longues et non supportées fait toute la différence

Pour suivre les aventures de Vincent : @vincenzo.n88 sur Instagram.

Crédits photo: TCR et Vincent